Vivre dans un milieu rural fortement enclavé n’a rien d’évident, surtout dans un pays en développement comme le Sénégal. En Casamance, au sud du pays, les populations insulaires font face à un double enclavement : entre les îles elles-mêmes, d’une part, et entre les îles et le continent, d’autre part. Dans ces territoires souvent oubliés par les politiques publiques, les communautés locales redoublent d’efforts pour améliorer leurs conditions de vie avec les moyens du bord.

Dans ces îles, les déplacements se font essentiellement à pied ou en pirogue, parfois à travers des vasières de mangrove et des bras de fleuve. Cette situation limite non seulement l’accès aux services sociaux de base (éducation, santé, marchés) mais freine également les échanges entre villages. Face à cette réalité, les digues deviennent des infrastructures vitales : elles facilitent les déplacements internes, protègent les terres des inondations liées aux marées exceptionnelles et contribuent à limiter les effets de l’élévation du niveau de la mer.

Ce qui rend la situation encore plus remarquable, c’est que, malgré l’absence ou la faiblesse des appuis institutionnels, les populations locales prennent les devants. Là où l’État ou les partenaires tardent à intervenir, les communautés s’organisent : elles cotisent, rassemblent des fonds, mobilisent les jeunes et les anciens, et entreprennent des travaux d’intérêt collectif. Ces chantiers communautaires prennent la forme d’« investissements humains », où chacun apporte sa contribution pour construire des digues, poser des dispositifs hydrauliques ou ériger de petits ponts.

Avec l’approche de la saison des pluies, qui rime souvent avec inondations et montées des eaux, plusieurs initiatives locales témoignent de cette solidarité agissante. Sur l’île de Carabane, dans la commune de Diembéring, les habitants se sont mobilisés pour réparer une digue essentielle qui traverse le village. À Mantate et Couba, dans la commune de Kafountine, des dizaines de femmes, d’hommes et de jeunes ont uni leurs forces pendant plusieurs jours pour construire une digue reliant les deux villages et y installer un système de régulation hydraulique.

Ces efforts, bien que souvent invisibles dans les bilans officiels, sont pourtant d’une grande portée. Ils montrent qu’au-delà des vulnérabilités, il existe dans les îles de la Casamance une énergie collective, une capacité d’organisation et un engagement citoyen remarquables. Ce sont des dynamiques à reconnaître, à valoriser et surtout à soutenir.

Car oui, face au changement climatique, les populations locales ne peuvent pas tout faire seules. Elles ont besoin de l’accompagnement des pouvoirs publics, de l’appui des collectivités territoriales, de la solidarité nationale et de l’engagement des partenaires au développement.

Les îles de la Casamance sont pleines de vie, d’espoir et d’initiatives. Elles montrent qu’avec un peu d’écoute et de soutien, les territoires les plus reculés peuvent devenir des modèles de résilience et de développement durable.

Rejoignez-nous. Travaillons ensemble pour bâtir un avenir meilleur pour les îles de la Casamance.

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